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Le Plan Vélo

LE PLAN VELO DU CONSEIL GENERAL DE MES DEUX-SEVRES
UN PROJET A PRIORI INTERESSANT MAIS DANGEUREUSEMENT BACLE,
qui risque de mettre en péril un écosystème unique autour duquel se construit le Marais Poitevin :
Le corridor de la Sèvre Niortaise


I- Le contexte
II- Le bon mauvais exemple : Le projet d’'aménagement du conseil général 79
III Un projet «Mac Do»
IV- Petite démonstration de la mauvaise foie du Conseil Général
V- Un Plan en suspend, à l’'issue d’'une décision du Tribunal Administratif

dessin plan velo

I- LE CONTEXTE

Dans le cadre du volet régional du programme national des Vélos Routes et Voies Vertes, l'Etat, les régions Pays de Loire et Poitou Charentes et les départements des Deux-Sèvres, de Charente-Maritime et de Vendée entendent créer un axe cyclable NIORT-BAIE de L'AIGUILLON, avec pour fil conducteur les berges de la Sèvre Niortaise.

Si nous ne remettons pas en cause le fond du projet, dont l'intérêt en terme de découverte du marais est indéniable et même louable, nous contestons et mettons en doute la pertinence d'un aménagement systématique des berges de la Sèvre-Niortaise sur tout son cours aval.

Contrairement aux idées reçues, l'aménagement de pistes cyclables n'est pas sans effet sur les milieux, et devrait l'objet d'une étude d'impact préliminaire comme toute création d'infrastructure. Dans leur « Rapport sur la mise en ?uvre du Schéma National des Véloroutes et Voies Vertes », daté du 19 décembre 2002, les inspecteurs généraux de l'environnement, Messieurs d'Ornellas et Ribière, suite à leurs investigations de terrain en Bourgogne et dans le marais poitevin, écrivent :

«les promoteurs des véloroutes, [...], méconnaissent les difficultés d'insertion dans le milieu naturel et humain et dans le paysage, et la rigueur corrélative qui s'impose aux études d'impact»

La mise en oeuvre du Plan Vélo du Conseil Général des Deux-Sèvres, premier volet du programme régional des Vélos routes et Voies Vertes, confirme ces observations et inquiétudes.

II- LE BON MAUVAIS EXEMPLE : Le projet d'aménagement du conseil général 79

Sur les berges de la Sèvre entre Magné et Arçais

A l'automne 2002, le Conseil Général des Deux-Sèvres a conduit une enquête d'utilité publique pour la réalisation d'un cheminement cyclable sur les berges de la Sèvre-Niortaise entre Magné et Arçais. Celui-ci vise à la création d'une piste de 3 mètre de large empruntant la rive droite de la Sèvre-Niortaise depuis Magné jusqu'au lieu-dit Maître-Jean, en aval de Coulon. Entre le bourg de Coulon et Maître-Jean, les cyclistes chemineront sur l'actuelle route départementale, tandis qu'une nouvelle route sera construite passant entre Maison Madame et la Sèvre.

A Maître-Jean, une nouvelle passerelle permettra aux cyclistes d'enjamber la Sèvre, pour rejoindre Arçais par la rive droite.

Au total, sur un parcours de 15 kms, 10 kms de pistes neuves seront ainsi aménagés, ainsi qu'une imposante passerelle sur la Sèvre?.le tout pour la bagatelle 1 335 000 euros HT (soit environ 8.7 millions de francs), ... auxquels devront s'ajouter les frais de déviation de l'actuelle départementale... bref, ça va coûter une coquette somme, le tout étant financé à hauteur de 10 % par les communes concernées (Magné, Coulon, le Vanneau, Sansais et Arçais).

III Un projet « Mac Do »

Fi des prairies naturelles humides, fi du rôle de corridor écologique de la Sèvre, fi du programme Natura 2000 et autres sites classés, fi des habitants, fi des usagers du bord de Sèvre, fi des dépenses publiques, le Conseil Général des Deux-Sèvres mène son dossier en dépit du bon sens, en multipliant les aménagements et les coûts associés, alors que de nombreux chemins existent déjà, qu'il suffirait de relier pour établir la liaison Magné-Arçais. De nombreuses questions restent en suspend quant au bien fondé d'un tel projet, alors que des alternatives existent...

Une piste pour quelle découverte du marais, pour quel développement touristique?

Si de Niort à la Baie de l'Aiguillon les promeneurs devaient n'emprunter que le bord de Sèvre, ils ne découvriraient notre territoire que sous son aspect unique de fleuve, sans parcourir les paysages riches et variés du marais mouillé et du marais désséché entre autres.

Quelle serait la valeur pédagogique et culturelle d'un tracé qui ne quitterait pas par intermittence le rivage du fleuve pour offrir une découverte plus large de ce milieu complexe et fragile? Un corridor pour vitrine ou une porte ouverte à la compréhension du marais?

Nous le concevons, en s'éloignant des berges du fleuve, peut-être le promeneur risque-t-il de se rendre compte que nombres de canaux sont bouchés et nombre de parcelles abandonnées. Il pourrait alors être amené à s'interroger quant à la politique régionale et nationale menée pour le marais poitevin. Il pourrait même se poser les questions des conséquences de l'application de la Politique Agricole Commune (P.A.C) dans un marais mouillé, territoire d'élevage et de maraîchage, en crise, dans une baie de l'Aiguillon où les mytiliculteurs souffrent d'envasement et de pollution, tandis que le marais desséchés a subi remembrement et mise en culture de nombres de prairies naturelles au profit des cultures céréalières.

Une telle réflexion viendrait alors sans doute discréditer l'image du marais véhiculée au travers des médias pour la bonne santé de l'activité touristique, dont il est évident qu'elle permet l'entretien des terrains et le curage des canaux?.enfin peut-être?

Impact environnemental

L'importance du rôle que joue l'écosystème Sèvre-Niortaise n'a pas été pris en considération. Ce fleuve constitue pourtant le principal corridor écologique du marais poitevin, reconnu par de nombreux statuts de protection , dont le programme Natura 2000, pour la richesse de sa biodiversité.«Un corridor écologique peut être défini comme un axe concret (identifiable en nature), permettant les flux d'espèces , par la circulation des individus, les progressions ou régressions des espèces ou habitats, les échanges génétiques entre populations d'une espèce, se trouvant dans des territoires disjoints, mais aussi les flux «fonctionnels» des éléments comme l'eau ou autre élément physique ou chimique influant sur le fonctionnement des écosystèmes, leur diversité et la présence des espèces la composant.» (définition extraite de l'étude Corridors Ecologiques ONCF FS / ADEV Mars 2001 citée par le DOCOB Marais Poitevin Natura 2000, fiche action 3). Plus de 30% des zones retenues pour la préservation des corridors écologiques dans le marais poitevin concernent les bords de Sèvre, où il est préconisé de maintenir des bandes enherbées de plus de 10 mètres de large...

Pourtant, le Conseil Général n'a pas jugé bon d'évaluer l'impact possible de ces créations de pistes cyclables, et du passage de milliers de visiteurs qui les emprunteront. Deux possibilités se présentent :

IV- Petite démonstration de la mauvaise foie du Conseil Général :

Dans le numéro 37 de juillet aout 2003 de « Deux-Sèvres Magazine », le magazine du Conseil Général des Deux-Sèvres, vous pouviez (page 30) lire cette description angélique du Plan Vélo : « Deux projets de liaisons entre Magné et Arçais et entre les bourgs de Coulon et La Garette devraient rapidement sortir de terre.[...]. Aménagés dans le plus strict respect de l'environnement...» ben voyons...

1-Des dates troublantes :

Alors que le CG 79 étudie son Plan Vélo depuis 1999, le dossier d'enquête d'utilité publique du tracé Magné Arçais n'a été lancé qu'en août 2002, pour être validé en octobre 2002... soit juste un mois avant la publication au journal officiel du site Natura 2000... ouf, juste à temps pour s'affranchir des obligations liées à la préservation du site.

2-des oublis étonnants :

Le dossier d ?enquête d'utilité publique comporte d'étonnants oublis, notamment la mention que le site traversé est classé Zone de Protection Spéciale, reconnu pour son intérêt faunistique et floristique, et protégé à ce titre... ouf, ça permet d'oublier de faire une étude d'incidence à joindre au dossier d'enquête publique.

V- Un Plan en suspend, à l'issue d'une décision du Tribunal Administratif

Avant, pendant, et après l'enquête d'utilité publique, des riverains (association des Cabanas au Vanneau, association des Riverains du Grand port à Magné) et des associations de défense de l'environnement (le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres et l'Evail) ont fait part au Conseil Général de la possibilité d'emprunter de nombreux chemins existants pour effectuer cette liaison Magné Arçais. Ces diverses solutions alternatives permettaient de substantielles diminutions de l'impact du projet sur le milieu et sur les finances publiques?mais le CG 79 n'a jamais dénier étudier ces propositions...

Face à la surdité du CG 79, ces associations ont conjointement déposé plainte au Tribunal Administratif (TBA) à l'automne 2003 pour faire annuler le projet dans son tracé actuel.En octobre 2004, le jugement du TBA concluait à l'annulation de l'arrêté préfectoral de déclaration d'utilité public du projet du CG 79. Le Plan Vélo sur le bord de Sèvre est mis en suspend pour le moment. Espérons que le Conseil Général en profite pour revoir sa façon de concevoir et mener ses projets de développement touristique...